L’AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT

LA MISE EN ŒUVRE DES PROJETS :

 

 

 

LE ROLE DES BUREAUX D’ETUDES ET DES ONG DANS LE CYCLE DES PROJETS

 

Il n’est un jour qui passe sans que l’on parle de l’aide publique au développement soit pour en dénoncer les méfaits soit pour en présenter les louanges.

Quoique l’on dise, tant qu’il subsistera les inégalités socio-économiques entre les pays, cette aide ne disparaîtra pas. Elle pourra évoluer, prendre d’autres formes ou  passer par d’autres mécanismes que ceux utilisés aujourd’hui…

La présente réflexion consiste à définir ses principaux acteurs, ses mécanismes actuels ainsi que les  moyens mis en oeuvre pour concrétiser sa raison être : financer les projets de développement culturel, social et économique.

 

 

 

L’aide publique au développement englobe tous les financements que les pays « riches »(donateurs) mettent à disposition des pays « pauvres »(bénéficiaires) pour soutenir leurs programmes de développement culturel, social et économique.

Comme nous le verrons, l’aide publique au développement passe par un processus cyclique appelé  « cycle de projets » qui va de l’identification à l’évaluation de projets en passant par la programmation, les études, la mise en œuvre et la réalisation.

 

Ses principaux acteurs

 

A chaque étape du cycle de projets intervient un certain nombre d’acteurs que sont, outre les institutions financières mandatées par les donateurs pour veiller à la mise en oeuvre de leurs politiques vis à vis des bénéficiaires, les bureaux d’études ou ingénieurs-conseils, les entreprises, la société civile qui comprend les associations et les ONG, les services publics des pays bénéficiaires ainsi que la population que sont les personnes dont  l’aide est destinée in fine.

A chaque étape du projet chacun des acteurs joue son rôle qui, à défaut, briserait la chaîne des événements et  compromettrait donc les objectifs que l’on s’est fixé.

 

Les mécanismes et les formes de l’aide publique au développement.

 

Les différents mécanismes :

 

Elle peut être bilatérale ou multilatérale

- Elle est bilatérale lorsqu’elle  est régie par les mécanismes d’Etat à Etat.

Elle est négociée au cours des rencontres institutionnalisées entre donateurs et bénéficiaires à des périodes ou à l’occasion d’événements convenues entre les deux parties.

C’est le cas des commissions mixtes qui se déroulent habituellement à tour de rôle chez les donateurs et chez les bénéficiaires.

Elle porte sur un certain nombre de projets issus de programmes établis par les bénéficiaires et  identifiés de commun accord.

- Elle est multilatérale lorsqu’elle passe par un ou plusieurs institutions de financement contrôlées directement ou indirectement par les donateurs. Ce sont ces derniers qui édictent le mode de fonctionnement et les conditions d’accès aux financements gérés par ces institutions.

Elle est négociée en fonction des besoins exprimés par les bénéficiaires et ne suit aucune périodicité. Les négociations sont déclenchées par la maturité des projets à financer ou par la nécessité.

Ces institutions sont nationales, comme, à titre d’exemples:

L’Agence Canadienne de Développement International(ACDI) pour le Canada

L’Agence Française de Développement(AFD) pour la France

L’Agence Allemande de Développement(KFW) pour l’Allemagne

L’Agence Général de Coopération au Développement(AGCD) pour la Belgique

L’Agence Japonaise de Coopération(JICA) pour le Japon

La Direction du Développement et de la Coopération(DDC) pour la Suisse

L’United States Aid Development(USAID) pour les Etats-Unis

Elles sont internationales, comme, à titres d’exemple:

Le Fonds Européen de Développement(FED)

La Banque Européenne d’Investissement(BEI)

La Banque Mondiale

La Banque Africaine de Développement(BAD)

La Banque Arabe de Développement en Afrique(BADEA)

Le Programme des Nations Unies pour le Développement(PNUD)

 Avec ses agences(FAO, PAM, UNICEF, OMS, OMM, Agence de développement atomique, etc.)

 

Les différentes formes :

 

Elle peut être sous forme de dons ou de prêts.

Sous forme de dons :

Elle couvre les besoins d’urgence et d’assistance humanitaire

Elle subvient aux besoins d’assistance technique en terme de moyens humains et d’équipements;

Elle peut aussi intervenir pour financer quelques projets d’investissement ;

Elle est souvent mise œuvre par les ONG et les assistants techniques mais aussi par les entreprises et les bureaux d’études.

Sous forme de prêts :

Elle s’inscrit dans un programme à long terme pour réaliser des investissements coûteux.

Ceux-ci pouvant être d’une rentabilité financière avérée ou d’une rentabilité économique sûre ;

Elle peut être momentanée pour soutenir un secteur d’activité en difficulté passagère (importation des produits pétroliers, relèvement d’une banque en redressement judiciaire, soutien à l’exportation, etc.…)

Elle peut être accordée sans intérêt pour une période relativement longue ou avec intérêt à taux relativement faible comme elle peut être accordée avec intérêt au taux du marché.

Tout ceci dépend de la nature du projet, des bénéficiaires et de la durée du prêt ainsi que des relations entre bénéficiaires et donateurs en terme politique…

 

Cette diversité d’aide est régit sur le plan juridique par des accords cadres entre pays et/ou institutions suivant les mécanismes ou les formes et par des accords ad hoc suivant la nature du projet, le type d’engagement politique ou socio-économique, la durée du financement, le volume des activités, … Bref, elle est sou tendue par des facteurs structurels et conjoncturels qui varient d’un pays bénéficiaire à un autre comme d’un donateur à un autre. Cela n’empêchant pas les donateurs de se concerter sur un certain nombre de point avant de prendre un engagement vis à vis de l’un ou l’autre bénéficiaire.

 

L’intervention des bureaux d’études ou des ONG dans les financements des projets apparaissent dans la confection de dossiers qui puissent justifier son éligibilité à tel ou tel autre mécanisme ou forme de financement.

Ce rôle n’est donc pas négligeable dans la mesure où il conditionne les deux parties à convenir d’une forme appropriée pour une coopération future qui peut être longue ou courte.

 

La mise en oeuvre des projets et l’intervention des les principaux acteurs

 

La programmation

 

La phase de programmation est cruciale dans la mise œuvre de l’aide publique au développement. En effet, c’est de cette phase que se dessine ce que pourra être l’intervention de l’aide pour la période à venir et que donateurs comme bénéficiaires présentent leurs stratégies dans ce domaine.

En fonction de leurs politiques de développement, les bénéficiaires définissent leurs besoins qu’ils traduisent par des plans ou des programmes à long ou à moyen terme.

Cette programmation qui n’est nullement un listage d’idées de projets s’accompagne de stratégies qui montrent les interrelations sectorielles et les moyens envisagés pour atteindre les objectifs fixés par cette programmation et ce, pour un développement à terme.

 

A l’intérieur de chaque plan ou programme, ils y consignent un certain nombre de projets concrets qu’ils souhaitent réaliser seuls ou avec le concours des donateurs.

D’une façon formelle, ces derniers sont tenu de vérifier la cohérence des projets avec les stratégies définies dans le cadre d’une planification internationale, régionale et nationale.

C’est cette cohérence qui va conditionner le soutien ou la réticence de l’un ou l’autre donateur à définir sa politique vis à vis de l’un ou l’autre partenaire et à prendre des engagements de soutien ou de boycott du programme auprès des autres donateurs.

C’est également de cette cohérence que vont se dessiner les relations partenariales entre donateurs et bénéficiaires et des privilèges plus ou moins affichés que les donateurs accordent aux bénéficiaires.

 

Cette programmation ainsi que les stratégies de développement régionales ou nationales qui l’accompagnent permettent aux donateurs de se concerter et de définir les moyens qu’ils entendent mettre, en commun ou séparément, à la disposition de telle région ou de tel pays tout en essayant de sauvegarder les intérêts stratégiques des uns et des autres.

Le contenu de ces programmes étant concrétisé par des projets  sectoriels ou multisectoriels attirent certains donateurs plus que d’autres suivant ce qu’ils peuvent entrevoir comme intérêt au regard de leur politique de développement industriel et/ou commercial.

 

Ce mécanisme de définition de programmes, de stratégies et de formulations de projets requièrent des moyens techniques, financiers et humains considérables. Il mobilise  souvent des équipements lourds et sophistiqués, des gros montants financiers et des équipes pluridisciplinaires d’experts de tout niveau.

Ces moyens n’étant pas souvent disponibles chez les bénéficiaires, l’on est obligé de faire recours aux donateurs qui, tout en acceptant de mettre à disposition les moyens demandés, doivent à leur tour faire appel au secteur privé de leur pays ou de leurs partenaires dans le cadre des conventions régissant le commerce international en matière d’échanges de biens et services.

 

A ce stade, l’intervention des bureaux d’études devient inévitable. Depuis peu, eu égard à la nécessité d’associer les principaux bénéficiaires de cette aide à toutes les phases de préparation des projets, la société civile se greffe timidement, avec peu de moyens certes, aux côtés des bureaux d’études.

Sur base des recommandations des bureaux d’études, les donateurs comme les bénéficiaires vont se faire une idée des moyens nécessaires pour poursuivre leurs actions dans le cadre de la mise en œuvre de l’aide publique au développement.

Le bureau d’études se trouve donc aux côtés des bénéficiaires pour évaluer les besoins et aux côtés des donateurs pour lui convaincre de la nécessité de déployer les moyens.

Leurs présences vont se faire sentir tout au long des phases suivantes du cycle des projets à savoir la formulation des termes de références pour les études, la conduite des études, la décision de financement des projets, la négociation, l’exécution, le suivi et l’évaluation.

 

Le cycle des projets

 

L’identification

 

Pendant la phase de programmation certains projets sont clairement identifiés d’autres requièrent une définition de contours plus ou moins consistant avant d’être retenus.

C’est pourquoi à ce stade, les bénéficiaires sont invités à requérir les avis sur ces projets et les intérêts qu’ils suscitent auprès de la population en mettant en exergue les problèmes posés, les solutions envisageables et les résultats attendus.

Cette phase qui relève beaucoup plus de la politique intérieure des bénéficiaires est suivi de près par les donateurs, du moins en apparence, parce qu’elle leur permet d’évaluer la crédibilité des dirigeants( des pays bénéficiaires) et le soutient que leur apporte la population ; et donc la valeur des engagements qu’ils prendront, en leur nom, dans l’avenir pour la mise en œuvre de ces projets.

 

Cette phase réaffirme également l’engagement politique des dirigeants vis à vis de la population en leurs montrant jusqu’à quel niveau, ils s’occupent de leurs bien-êtres et de la volonté affichée de participer à leur destin par une consultation bien engagée.

Cette phase d’identification va souvent de pair avec les études de pré-faisabilité qui va permettre aux donateurs et aux bénéficiaires de se faire une idée sur la suite à donner à l’un ou l’autre projet identifié.

Elle est souvent menée avec le concours financier, matériel et humain des donateurs toujours sous la houlette d’un bureau d’études qui peuvent associer les ONG ayant acquis une certaine crédibilité auprès de la population et un savoir-faire relativement acceptable.

C’est à ce stade aussi que les donateurs commencent à tirer les ficelles stratégiques suivant les intérêts qu’ils entrevoient dans des actions à engager pour la suite.

Ils agissent à travers le choix des bureaux d’études ou des ONG à associer à ces études.

 

Les études de faisabilité

 

Lorsque l’étude de pré-faisabilité aboutit à des résultats plus ou moins probants quant à la résolution des problèmes soulevés lors de l’identification, les bénéficiaires approchent un ou plusieurs donateurs pour les intéresser à mener une étude de faisabilité.

En fonction de sa complexité, cette étude peut demander la participation de plusieurs donateurs ; soit  parce que les montants à dégager sont tellement importants qu’ils ne puissent être pris en charge, à ce stade, par un seul donateur dont l’engagement pour la suite n’est encore qu’hypothétique, soit parce que la plupart d’entre eux préfèrent suivre l’évolution du projet dans lequel ils sont susceptibles de participer financièrement.

Ils sont tous convaincus qu’il leur sera difficile d’orienter le projet dans le sens de leurs intérêts et de leurs stratégies s’ils ne participent pas de près à ces études.

 

Dès que le financement de l’étude est bouclé, les donateurs se choisissent un chef de file c’est à dire un donateur qui sera le responsable principal de l’étude vis à vis des autres donateurs et des bénéficiaires.

Se déclenche alors une phase délicate de choix du bureau  qui doit mener les études. Celui-ci est choisi non seulement en fonction des critères techniques et objectifs préalablement convenus entre donateurs et bénéficiaires mais aussi en fonction des susceptibilités des uns et des autres et de leurs intérêts politiques, économiques et stratégiques.

Ce qui ne facilite guère les choses lorsqu’il faut établir les termes de référence pour le choix du bureau d’étude.

Ce choix peut faire objet de  plusieurs scénarios. Soit le marché d’étude est attribué de gré à gré par entente entre donateurs et bénéficiaires et dans ce cas le choix tombe sur un bureau connu des deux parties. Soit, il faut passer par un appel d’offres suivant les règles de passation de marchés des donateurs qui priment toujours sur les règles des bénéficiaires.

Dans tous les cas, il faut que toutes les garanties soient prises pour éviter de compromettre à jamais l’avenir du projet parce que s’il est mal étudié, c’est parti pour de bons !

 

Quand l’étude n’est pas concluante c’est dire quand la viabilité du projet ou sa rentabilité ne sont pas prouvées, elle est alors abandonnée ou réorientée. Dans ce dernier cas elle est reprise sur d’autres bases ou d’autres critères.

Lorsqu’elle est concluante, elle permet de passer à la phase suivante.

 

Les recherches de financement

 

Une étude de projet concluante suscite beaucoup d’intérêts chez les donateurs comme chez les bénéficiaires par ce qu’elle détermine tout ce qui doit être mis en œuvre pour que le problème identifié trouve une solution dans les meilleures conditions techniques et financières et dans les délais les plus raisonnables.

Elle prévoit un cadre institutionnel d’exécution, de suivi et d’évaluation du projet et pourquoi pas de l’après projet.

Elle détermine le rôle de chaque acteur dans le cycle du projet : donateurs, bénéficiaires avec leurs partenaires que sont les bureaux d’études et/ou de surveillances, les entreprises d’exécution, les ONG locales et/ou internationales, les institutions de financement, les instances administratives locales et la population.

Elle présente divers scénarios retenus pour que le projet soit intégré d’une façon harmonieuse dans son environnement physique, social et économique et montre ses retombées sur cet environnement.

Elle présente les coûts chiffrés et détaillés du projet et montre clairement l’apport attendu de chacun des partenaires au projet.

C’est de la cohérence de toutes ces informations que l’on s’assure de trouver les financements nécessaires pour ce projet.

 

 

A ce stade du projet, diverses possibilités se présentent :

Le financement peut être assuré par un ou plusieurs donateurs et toujours avec une participation des bénéficiaires, si modeste soit- il, qui démontre leurs convictions et leurs niveaux d’engagements dans le projet.

Cette participation pouvant être financière ou en nature en fonction de la nature du projet lui-même et de son coût ou de la population bénéficiaire cible.

Aussi, dans un cas comme dans l’autre, les bénéficiaires procèdent à une sensibilisation diplomatico-politique sur le financement du projet auprès  des donateurs pour en susciter une manifestation d’intérêt.

Le lobbying fait autour de leurs dirigeants par les entreprises, par les bureaux d’études ou d’ingénieurs conseils et des ONG qui souhaitent participer à sa réalisation ainsi que l’habileté diplomatique des représentants des bénéficiaires et la politique générale du pays sont des éléments déterminants pour cette phase.

C’est à ce stade que sont évoqués et vérifiés les éléments liés à la stabilité politique et monétaire, à la bonne gouvernance(démocratisation, libertés individuelles et collectives, respect des droits humains), à la gestion économique et financière, etc.

 

Lorsque le projet a suscité intérêt chez plusieurs donateurs, les bénéficiaires  organisent des réunions pour permettre aux uns et aux autres d’annoncer, et leur apport financier dans le projet et leurs conditions de participation. Ces conditions peuvent être d’ordre économique et financier, d’ordre technique et institutionnel, d’ordre politique et stratégique ou d’ordre administratif et organisationnel.

Il faut que les bénéficiaires rassurent les donateurs sur leurs exigences par des engagements fermes liés à des réformes à faire ou à des travaux préliminaires à réaliser et cela, en tenant à cœur les enjeux et les intérêts de chacun des partenaires.

 

La négociation des financements

 

Lorsque les donateurs sont identifiés et les bénéficiaires sont relativement sûrs de satisfaire aux exigences des uns et des autres ils entament alors la phase de négociation de financement qui est une concrétisation des sujets abordés d’une façon éparse et informelle lors des phases précédentes.

Cette négociation qui concerne les donateurs comme les bénéficiaires peut être menée par un des donateurs mandatés par ses pairs, avec les points précis à étudier, qui se charge de leur communiquer les résultats au fur et à mesure de leur avancement.

Mais, comme le plus souvent les intérêts politiques vis à vis des bénéficiaires orientent les règles du jeu dans la mise en œuvre des financements chez les bénéficiaires, les donateurs préfèrent déléguer leurs représentants dans ces négociations.

Ceci qui introduit une phase intermédiaire de négociation partielle quitte à faire une mise en commun définitive à la fin.

 

C’est à ce stade que se détermine le type de financement, les institutions gestionnaires, etc.

L’ossature des termes de négociations des financements est souvent puisée dans le dossier d’étude où tout ce qui doit être mis en œuvre pour la réussite du projet a été identifié, quantifié et programmé.

 

La négociation va porter notamment sur le cadre institutionnel du projet c’est à dire sur son articulation vis à vis de son environnement administratif, social et économique.

Elle va porter sur les conditions matérielles, humains et financiers d’exécution, de suivi, d’évaluation et de contrôle par les bénéficiaires comme par les donateurs.

Elle porte  sur les conditions de pérennisation c’est à dire sur son insertion dans le paysage socio-économique existant ou à venir.

Elle porte sur les conditions de mis à disposition des financements (facilités accordées quant aux taux d’intérêts et aux délais de remboursements) ; celles des remboursements et des décaissements.

Elle porte sur les conditions d’exécution allant des conditions d’appel d’offre(gré à gré, appel d’offre local ou international, …) à celles de choix des entreprises d’exécution et de contrôle en passant par les missions de suivi.

 

C’est à ce stade que se mette au grand jour certaines orientations à caractères politique ou stratégique que les donateurs veulent « imposer » aux bénéficiaires eu égard aux enjeux commerciaux, politiques et régionaux ou de développement industriel.

 

Cette phase de négociation fait beaucoup appel aux bureaux d’études parce que, et les bénéficiaires et les donateurs, ont besoin de certains éclaircissements réputés cruciaux en rapport avec les engagements à prendre.

Les bureaux d’études sont à leur tour vigilant pour ne pas se montrer partiaux vis à vis de l’une ou l’autre partie. Ce qui n’est pas toujours facile à gérer eu égard aux intérêts souvent contradictoires et divergents avec la volonté de sauvegarder leur bonne réputation.

 

L’exécution du projet

 

L’exécution d’un projet dépend de sa nature comme il peut dépendre des conditions imposées lors des négociations. En effet, un projet régional ne s’exécute pas dans les mêmes conditions qu’un projet national ; un projet humanitaire ou d’assistance technique ne s’exécute pas dans les mêmes conditions qu’un projet de développement ; aussi, un projet de fournitures de biens est différent du projet de fournitures de biens et services comme il est lui-même différent d’un projet de construction avec des matériaux locaux ou importés.

A chaque nature de projet et en fonction des sensibilités de chaque donateur, les conditions d’exécution seront différentes.

A cela s’ajoute les conditions liées au type de financement parce qu’il y a en qui vont exiger un appel d’offre international avec ou sans préférences d’entreprises répondant à certains critères(taille, origine géographique, accords privilégiés, …)

Le financement peut être ouvert aux entreprises d’une région donnée ou d’une catégorie d’entreprises plutôt qu’à d’autres.

 

A partir du moment où donateurs et bénéficiaires parviennent à se mettre d’accord sur les différentes options qui s’offrent à eux, ils procèdent au choix de l’entreprise qui va exécuter le marché s’il s’agit de travaux ou de fournitures de biens ; ou alors ils conviennent du type d’ONG qui pourront y être éligibles.

Le contrat qui lie l’entreprise ou l’ONG d’exécution du marché reprend globalement les termes contenus dans les documents de négociation et est conclu avec les bénéficiaires et couvert par le visa des donateurs.

Il désigne en même temps les organes de suivi d’exécution aussi bien chez les donateurs que chez les bénéficiaires.

 

La place du bureau d’études ou ingénieurs conseil et des ONG

 

Les bureaux d’études

 

Le bureau d’études ou plus généralement l’Ingénieur conseil apparaît à toutes les phases du cycle du projet allant de l’identification à l’évaluation en passant par l’étude, la négociation de financement, l’exécution de projet. Son rôle est d’aider les deux parties en cause à démêler cette complexité de procédures politico-administratives, socio-économiques, juridico-financières et technico-commerciales qui entoure la mise en œuvre des financements liés à l’aide publique au développement.

Sa place se trouve entre les donateurs et les bénéficiaires ; il doit donc inspirer confiance aux deux parties.

Il peut conseiller sur les types de financements les plus appropriés en fonction de la nature du projet ou des données politico-économiques qu’il peut avoir à sa disposition ;

Il peut ou il doit, cela fait partie de sa mission, participer à la programmation et à l’étude des projets ;

Il participe comme conseiller à la recherche de financement en défendant particulièrement les solutions techniques préconisées dans l’étude et cela en tenant souvent compte des conflits d’intérêts des bénéficiaires et des donateurs. Aussi, il est appelé à participer aux négociations de financement et aux choix des entreprises devant exécuter le marché.

Il joue donc un rôle à la fois verticale et transversale dans la mise en œuvre de l’aide publique au développement et à ce titre, il est la colonne vertébrale du cycle du projet. C’est de lui que dépendra la réussite ou non du projet.

 

C’est pourquoi sa crédibilité doit être totale et fondée sur les moyens matériels, humains et financiers sûrs et appropriés dont il est détenteur lui-même ou qu’il peut mobiliser à tout moment  pour assurer avec satisfaction les missions qui lui sont demandées.

Il doit disposer non seulement d’une équipe pluridisciplinaire et techniquement compétente mais aussi elle doit maîtriser les contours politiques et économiques du moment pour être à la hauteur de prodiguer les conseils les plus judicieux à ses « clients ».

 

Même si la réussite du projet reste une préoccupation majeure et constante chez les donateurs comme chez les bénéficiaires, ces derniers attendent beaucoup des bureaux d’études.

En effet, les mécanismes de mise en œuvre de l’aide publique au développement sont de conception rôdée par les donateurs et pour lesquels tous les gardes fous ont été mis en place en vue de protéger leurs intérêts financiers et politiques.

Dans les faits les bénéficiaires se les voient imposés même si l’on admet que tout est discuté en toute transparence avant tout engagement.

Les bénéficiaires n’ont pas à disposition tous les moyens financiers, matériels et humains qui leurs permettent d’internaliser tous ces mécanismes en peu de temps et cela pour couvrir tous les secteurs socio-économiques de la vie. Ce qui constitue, dans la pire des hypothèses, un goulot d’étranglement dans la mis en œuvre de l’aide publique au développement qui les oblige à  dépendre totalement du bureau d’études avec tout ce que cela peut comporter comme chantage ou malversation technique et financière.

Les faiblesses constatées chez les bénéficiaires relèvent de raisons diverses et variées dont les principales sont les suivantes :

-         le cadre institutionnel inappropriée ;

-         le manque et/ou l’insuffisance de personnel qualifié et compétent ;

-         le cadre juridique inexistant ou incomplet ;

-         l’environnement politique, social et économique mal adapté ;

-         la conjoncture économique internationale défavorable ;

-         la politique internationale perturbatrice ;

En effet, les structures administratives des pays bénéficiaires ne sont pas  conçues dans l’optique d’assurer une gestion de projets complexes avec des exigences rigoureuses imposées par une législation et une culture importées ;

Le peu de personnel disponible est souvent inexpérimenté et/ou mal formé pour affronter ces réalités nouvelles que sont les mises en oeuvre de projets ;

Le cadre juridique imposé par les donateurs ne tient pas compte de certaines réalités locales et culturelles et se heurte souvent à une résistance silencieuse qui ne favorise pas le bon déroulement des projets ;

La population bénéficiaire du projet est souvent mal préparée et reste sceptique quant à ses retombés réelles sur leur vie quotidienne ;

Comme, il est souvent demandé une contrepartie financière celle-ci fait souvent défaut non par négligence mais par des concours de circonstances liés à la conjoncture internationale défavorable comme la chute des prix des matières premières ;

Enfin la politique internationale, comme la non maîtrise des conflits régionaux ou l’augmentation des prix des matières premières qui leurs sont liés, peut être à l’origine des facteurs défavorables au bon déroulement des projets.

 

Pour pallier à certains de ces problèmes et particulièrement à ceux liés au personnel ou à l’adaptation du cadre juridique et institutionnel, les bénéficiaires font recours aux structures rodées, connues et acceptées par les donateurs que sont les bureaux d’études  le plus souvent opérant et évoluant chez eux.

Cette vision étant toujours préjudiciable aux bureaux d’études locaux dans la mesure où ils existent. Ceux-ci sont présentés non sans mépris comme étant peu crédibles, inexpérimentés, mal équipés, mal préparés pour supporter le volume des travaux, sans garanties financières et techniques.

Par contre leurs homologues issus des pays pourvoyeurs de fonds sont réputés capables de lever tous ces inconvénients en s’appuyant sur d’autres structures partenaires pour compléter leur expertise. Ils disposent d’équipements modernes et performants et de moyens financiers propres. En cas de difficultés ils ont les possibilités de recourir à des facilités que peuvent leur accorder les institutions bancaires de leur pays d’origine.

Les conditions de travail sont garanties dans par accords de crédits à travers un cadre juridique international régissant le commerce et la circulation des financements liés à l’aide publique ; par les assurances qu’ils peuvent contracter dans leurs pays d’origine et enfin par leur contrat de travail qui échappe à la réglementation nationale.

 

Les ONG( la société civile ou les associations)

 

Comme dit plus haut les ONG commence à faire leurs apparitions timides aux côtés des populations bénéficiaires comme leurs porte-paroles. En effet, depuis un certain temps les pays donateurs ont été sensibles sur l’impérieuse nécessité d’associer la population à son destin par une participation active aux projets qui leur sont destinés et surtout à leurs doléances voulant qu’ils se rassurent que les financements de l’aide publique au développement va jusqu’aux vrais bénéficiaires.

Pour répondre à ces soucis, c’est la société civile qui se manifeste sous forme d’association et d’ONG qui semble répondre au mieux à leurs attentes, étant donné qu’elle est la seule qui, du moins dans sa conception et dans son organisation, opère quotidiennement auprès de la population. Leur philosophie basée sur les principes de non-poursuite de gains rassure encore quant à l’efficacité et à la probité de leurs actions.

C’est pourquoi, les donateurs demandent à tout moment qu’elle soit associée à la mise en œuvre des projets à hauteur de leurs capacités techniques, matérielles et humains.

Ceci est d’autant plus soutenu, qu’il leur est demandé de confirmer auprès des populations des pays donateurs la sincérité et la politique bienveillante de leurs dirigeants vis à vis des populations des pays bénéficiaires.

Certains domaines comme la mise en œuvre des financements d’urgence et d’assistance humanitaire leurs sont réservés de fait.

Elle joue à la fois un rôle moteur pour galvaniser les financements dans leurs pays d’origines en crédibilisant la politique de leurs dirigeants  et auprès des bénéficiaires en s’assurant que l’aide arrive à destination.

Dans ce rôle, elles associent la société civile des pays bénéficiaires par l’encadrement avec un objectif de leur inculquer les nouvelles méthodes de travail et de vision de la société ainsi qu’en leur apportant un soutien soutenant financier et matériel.

 

Conclusion

 

Par cette note nous avons tenter de mettre en évidence les difficultés que les acteurs du développement rencontrent dans la mise en œuvre de l’aide public au développement en l’état actuel.

Nous avons relevé le rôle combien crucial des bureaux d’études et l’avancée timide de la société civile dans son intervention.

Nous pensons que cette dernière peut faire beaucoup à condition qu’elle surmonte un certain nombres de difficultés liées au personnel, aux moyens matériels et financiers et ce, d’autant qu’elle a gagné la confiance des populations bénéficiaires et des donateurs.

 

 

                                                                                                     Fait à Lyon France  Juin 2004

 

                                                                                                     Télesphore BIZIMUNGU

                                                                                                      Consultant

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